dimanche 30 juillet 2017

BOL de Roue Libre en Kaléidoscope : découvrez les coulisses du clip "Wish for memories" by The Dusk


Enfin, la sortie tant attendue du 2ème single 
de la Bande Originale du Livre 
Roue Libre en Kaléidoscope
"Wish for memories" de The Dusk 

Réalisé par Thomas Theil

Ce second titre fait référence au premier chapitre du livre 
où l'on découvre l'un des deux personnages central du roman :
Léopoldine.


Découvrez-le dans son intégralité :

 Un anniversaire monochrome


" Cela fait dix jours que rien de vraiment coloré n’a traversé la vie de Léopoldine. Ce désagréable constat l’imprègne dès la sonnerie du réveil décuplant son vide chronique.  

Elle se lève péniblement et tire ses rideaux sur un petit matin tout gris et informe. Elle observe deux tourterelles qui se partagent élégamment un quignon de pain humide. Elle écoute leurs roucoulements bruns et ovales. Elle aimerait bien partager ses tartines, elle aussi, avec quelqu’un en ce vendredi noir de juin.

Elle foule les lattes tièdes du parquet de ses pieds nus jusqu’au salon, vide lui aussi. 

Dans deux heures, elle a ce casting vocal pour la pièce radiophonique de Federico García Lorca « La maison de Bernarda Alba ». Elle a répété tard dans la nuit, se gargarisant des répliques de cette grand-mère égarée dans ses délires érotiques. La tendance met à mal la misogynie de l’auteur mais Léopoldine aime jouer ces rôles extravagants que d’autres jugent délicats. Le fait de pouvoir user de son timbre rauque et des consonances ibériques qui s’échappent involontairement de sa gorge est libératoire et justifie à lui seul le désir de postuler, malgré les oppositions grandiloquentes de son agent. Elle se demande d’ailleurs parfois à quoi lui sert cet agent. A part se graisser la patte… Elle ne lui propose que des projets d’un ennui ! Tous les rôles excitants, elle les a dénichés elle-même. Au détour d’une rencontre, d’une annonce, d’un bruit qui court…

Elle a froid soudain. Nous sommes le dix-sept juin et toujours pas le moindre signe d’un quelconque été. Elle s’enroule dans un plaid en mohair vert canard et se recroqueville dans un de ces deux fauteuils Club jaunes, un mug de café fumant à la main.

Dix-sept juin. C’est son anniversaire aujourd’hui. Son véritable anniversaire. Dix-sept juin. Et même si le nombre est lumineux comme un soleil accolé au plus joli mois de l’année drapé de la somptueuse couleur de l’océan, ce sera un de plus pourtant qu’elle ne fêtera pas car ce n’est pas celui indiqué sur son acte de naissance.

Léopoldine est née le dix-sept juin 2009 au CH d’Annecy Gennevois. Une fracture du bassin, deux au bras gauche, le ménisque droit en miettes, une clavicule fêlée et un trauma crânien. C’est pénible de naître dans de telles conditions parce que la vie débute par un combat permanent et douloureux. Physiquement douloureux. Mais soigner ses os cassés n’a pas été le plus compliqué. Non, le laborieux est venu après. De manière bien plus violente.

Ses membres se sont ressoudés sans trop de dégâts et, à part les jours de pluie, elle ne souffre presque plus.

Sa plus grosse séquelle est ce vide. Ce vide immense qu’abrite son être. Un néant étranger, un trou noir inexplorable, un abîme indomptable.

A son réveil, après dix jours de coma artificiel, Léopoldine ne se souvenait de rien. De rien du tout. Ni de ses parents, ni de ses amis, ni de sa maison, ni de ses études, ni de sa vie, ni d’elle-même.

Officiellement, elle est née le dix-huit septembre 1988 à 22h34, de Marie-Anne Chambeau-Fontaine et de Jean-Edouard Fontaine. Or dans les faits, Léopoldine, elle, n’a que sept ans.



Elle choisit dans sa penderie une longue robe noire boutonnée jusqu’au col, remonte ses cheveux de soie ébène en chignon strict, enfile une paire de Derbies gris-bleu et casse ce style entre-deux-guerres par une veste en jean neuve élimée. 

Elle maîtrise son texte à la perfection et fait rouler encore quelques répliques délirantes devant son miroir en allongeant ses cils d’un noir profond. Ses yeux sont bleus. D’un bleu translucide. Elle s’approche de son reflet et les scrute. Elle entre dans la cornée, traverse l’iris, passe au travers du cristallin jusqu’à atteindre la vitrée. Ensuite, comme toujours, impossible d’aller plus loin. C’est dans cette antichambre qu’elle reste bloquée. Elle voudrait avoir accès à l’immensité de son cerveau, à ce qui est là, forcément quelque part. Elle tente de progresser encore, force, se concentre, ordonne à son regard de franchir cette muraille impénétrable… Jusqu’à ce que sa vue se floute et se perde dans une buée blanchâtre insaisissable. Et le vide remporte la bataille. Comme à chaque fois.



Ce rôle, elle doit le décrocher. L'atmosphère cloîtrée de cette vieille demeure, ces femmes qui ne doivent songer qu'à leur honneur, le mélange de l’exacerbation de leurs frustrations et de leurs passions qui les conduisent jusqu'à la folie… Elle ne sait pas pourquoi, mais il le lui faut. Il est fait pour elle.

Dans son dépouillement, quelque chose lui souffle qu’il est un commencement, qu’il va tout chambouler."



Les coulisses du tournage

C'est toujours la talentueuse Marie Meunier 
qui incarne pour ce second clip notre héroïne amnésique.



L'équipe tournage au grand complet
Maquillage


Début du tournage




Les aléas de la météo


Léopoldine après l'accident

... Et son vide chronique




Un immense merci à The Dusk 
pour leur talent et leur professionnalisme. 

Un grand bravo à Thomas Theil, le réalisateur
pour son implication et le temps qu'il nous a accordé.

Si vous souhaitez découvrir la BOL dans son intégralité :


Et si le roman vous tente :

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